Перейти к основному содержанию

Previous stories

M'hamed EL FASSKAOUI

Directeur de l’Agence du Bassin de Souss Massa - Maroc

En quoi le RIOB est un réseau important à l’échelle internationale ?

Le Réseau International des Organismes de Bassins est important car il encourage la gestion de la ressource en Eau, à l’échelle des bassins.

C’est une gestion efficace et participative car elle prend en compte de nombreux aspects quantitatifs et qualitatifs à cette échelle. Cela permet de garantir à chaque usager sa quote-part de cette ressource, de pérenniser l’usage et, les investissements dans des infrastructures installées sur le bassin.

Le RIOB encourage donc une gestion intégrée de la ressource hydrique, qui est centrale dans tous les pays. En effet, on ne peut faire du développement, sans une ressource en eau suffisante et de  qualité.

En quoi travailler en réseau et dans l’échange d’expériences peut nourrir chaque organisation membre ?

Le RIOB regroupe toutes les organisations de bassin, à l’échelle mondiale.

Des réunions sont organisées régulièrement, dans toutes les régions du monde. Grâce au réseau, chaque membre où qu’il se trouve, peut donc bénéficier d’expériences d’autres membres.


Certains pays sont avancés sur certaines thématiques, d’autres le sont moins mais cela permet d’échanger, de connaitre et mettre à profit toutes les bonnes pratiques de tous les partenaires.

Quels sont les enjeux autour de la question de l’eau au Maroc et quelles sont les grandes orientations des politiques publiques ?

Le Maroc s’inscrit dans cette politique stratégique de gestion par bassin. Nous disposons d’un arsenal juridique suffisant. La Loi 1095 sur l’Eau, amendée par la Loi 36-15, a permis d’instaurer les Agences de bassin depuis 1995. A l’échelle de chaque bassin, on peut assurer une gestion participative concertée. Les Agences de bassin, établissements publics, sont gérées par un Conseil d’administration où siègent des représentants des Administrations liées à l’eau et des usagers. Des décisions concertées et participatives concernant la ressource en eau peuvent ainsi être prises.  L’Agence de bassin est un outil technique et le Directeur applique la décision de ce Conseil d’Administration.


L’Agence de bassin qui est dotée de moyens humains qualifiés et techniques joue également un rôle de conseil auprès du Conseil d’administration. Elle fait les études et propose des orientations mais, la décision finale revient aux usagers.
Au Maroc, les Agences de bassin sont des entités autonomes dans la gestion à l’échelle des bassins, du point de vue administratif et financier.

 


La stratégie nationale de l’eau du Maroc veut permettre d’assurer la couverture de nos besoins en eau pour accompagner le développement économique et social du pays.


Le Maroc fait face à des défis énormes de sécheresse et de déficit hydrique. Nous ne pouvons plus accéder à toutes les demandes en eau, parce qu’il faut qu’elles soient justifiées. Il y a des actions énormes à faire en économie d’eau, dans le domaine de l’irrigation.

Le Maroc a décidé de généraliser certaines techniques d’irrigation et de changer les méthodes traditionnelles gravitaires en techniques d’économie d’eau. Comme par exemple, l’irrigation par goutte à goutte, avec un programme colossal instauré pour 500 000 hectares irrigués.
Sur le Bassin de Souss Massa que je gère, sur les 100 000 hectares qui étaient irrigués en irrigation traditionnelle gravitaire, depuis 2017, nous sommes déjà passés au goutte à goutte pour 80 000 hectares. Nous devrions finaliser avec les 20 000 hectares restant, d’ici 2020. Nous sommes presque parvenus à la généralisation totale de cette méthode d’économie d’eau.


Globalement en chiffres, en 2050, le Maroc aura un déficit de quelques 5 milliards de mètres-cubes d’eau. Pour les combler, il nous faut construire des barrages sur différents sites, pour recueillir 2.5 milliards de mètres-cubes. Les 2.5 milliards restant proviendront de l’économie de l’eau d’irrigation. Chaque année, environ 300 000 millions de mètres-cubes  doivent être obtenus grâce au dessalement et, 300 000 millions grâce à la réutilisation des eaux usées, notamment pour l’arrosage des espaces verts et des golfs.

 


Le Maroc a des problèmes d’érosion et d’envasement de ses barrages. Nous disposons d’environ 140 barrages dont la capacité cumulée devrait être de 17 milliards de mètres-cubes. Mais, à cause de l’envasement et de l’érosion, on en perd quelques 50 millions de mètres-cubes par an. Le pays travaille actuellement à  l’aménagement des bassins versants pour réduire ces 2 phénomènes et, prolonger la durée de vie de nos barrages.
Nous avons des barrages de tailles très différentes. Le plus grand barrage permet de recueillir 4 milliards de mètres-cubes. Nous en avons d’autres de différentes tailles, allant de 1 milliard ou 2 milliards, à 900 000 millions, 700 000 millions, 200 000 millions de mètres-cubes…


Le Bassin que je gère dispose de 10 barrages avec en cumulé un potentiel de 780 Millions de mètres-cubes de retenue.  Actuellement [juin 2019], leur taux de remplissage est de 34% en moyenne. La région de Sousse est une région agricole qui produit environ 80% de toutes les exportations de produits agricoles du Maroc, tels que les agrumes, les produits maraîchers et les primeurs.

Il y a donc un véritable enjeu économique et une forte pression sur la ressource en eau que nous sommes en train de gérer avec la participation de tous nos partenaires fortement mobilisés autour des décisions prises par l’Agence. On n’oblige personne à être convaincu mais à travers la communication, on espère que tout le monde s’aligne.

Vous allez accueillir l’Assemblée Mondiale du RIOB alors que se tiendra le « Sommet International de Marrakech sur la sécurité hydrique », en septembre prochain. Comment envisagez-vous la complémentarité de ces 2 évènements ?

Effectivement, depuis l’Assemblée Générale du RIOB de Merida au Mexique en 2016, le Maroc a été candidat pour organiser cette AG et le RIOB a accepté, ce dont nous le remercions !

Le Maroc accueillera donc du 30 septembre au 03 octobre 2019, les membres du RIOB à Marrakech, ville surplombée par les cimes du Haut Atlas qui culminent à 4 165 mètres et sont recouvertes de neige en hiver.


Cette AG est très spécifique et coïncide avec le «Sommet international de de Marrakech sur la sécurité hydrique».

En effet, la sécurité hydrique est un sujet important car la question de l’accès à l’eau commence à menacer un certain nombre de pays, Africains notamment: de nombreux pays sont confrontés à des périodes de sécheresse très importante et le déficit en eau est un réel problème, face à la demande sans cesse croissante des usagers.

Il y a donc lieu de définir des stratégies communes et de profiter des expériences des autres pays pour garantir un réel développement durable et, un accès à cette ressource, à tous les citoyens de la planète. Des Ministres en charge de la question de l’eau de plusieurs pays Africains, Européens, Américains, et d’Amérique Latine seront présents.


L’AG du RIOB débutera par une réunion de ses Réseaux régionaux. Les Rapports moral et financier relatifs à la clôture de la période 2016-2019 présidée par le Mexique sera présenté lors de la réunion du Bureau mondial de liaison du RIOB.


Il y aura également une session de passation de la présidence du RIOB, du Mexique au Maroc. Le Maroc exercera donc cette présidence pendant les 3 prochaines années, de 2019-2022.


Tout le monde est le bienvenu au Maroc, pays qui a déjà accueilli nombre d’évènements internationaux sur le thème de l’eau, tels que le 1er Forum Mondial de l’Eau, le 1er Forum Méditerranéen de l’Eau et l’AG du RIOB en 2013 !

Pays
Source

Interview réalisée lors de la Conférence EURO-RIOB 2019 – Du 17 au 20 juin 2019 - Lahti (Finlande) - ©RIOB 2019