Skip to main content
Entretien avec M. Semega, Haut-Commissaire de l’OMVS

 

 

M.Semega, Haut -Commissaire de l'Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS), organisme clef pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau à l'échelle du continent africain, revient sur les enjeux et perspectives soulignés par le 9e Forum Mondial de l'Eau de Dakar.

 

1. M. Semega, Dakar vient d’abriter la 9e édition du Forum mondial de l’eau. Une occasion pour tous les acteurs d’échanger sur l’avenir de l’eau et de l’assainissement en Afrique et dans le monde. Que retenez-vous de ce Forum, en tant que Haut-commissaire de l’OMVS ?

Le neuvième Forum mondial de l’Eau était un évènement de haute facture, de l’avis unanime des acteurs ; c’est pourquoi je voudrais avant tout réitérer mes vives félicitations à la République du Sénégal, au Secrétariat Exécutif en charge de l’organisation pratique, pour ce forum exceptionnel à tous égards, dont l’Afrique toute entière doit se féliciter. C’est un forum historique qui a proposé de véritables solutions aux problématiques de l’Eau, et je suis particulièrement fier que l’OMVS ait pu apporter sa modeste contribution à son éclatant succès. C’est une vitrine qui nous a donné l’opportunité de partager notre expérience avec le reste du monde, et de montrer l’importance d’un Organisme de bassin comme l’OMVS pour assurer la sécurité de l’eau à l’échelle de ces territoires, permettre un développement durable et équitable tout en préservant la nature.

2. ll a été beaucoup question pendant ce Forum des enjeux liés à l’eau et à la paix dans le bassin du fleuve Sénégal. On pense à toutes les zones d'Afrique et du monde où l'eau est source de tensions récurrentes. Est-ce que des pistes de solutions concrètes ont été dégagées pendant ces 5 jours à Diamniadio ?

En effet, les zones de tension autour de l’eau sont, malheureusement, de plus en plus nombreuses dans le monde. Pour ce qui est du fleuve Sénégal, les Etats ont décidé de travailler de manière solidaire et concertée pour valoriser les ressources en eau. Afin de partager cette expérience et proposer des solutions concrètes concernant la gestion des eaux transfrontalières, l’OMVS a été choisie par les organisateurs pour conduire le travail sur cette thématique pendant le forum. A ce titre, et pour la première fois, un segment politique relatif aux organismes de bassin a été organisé, il a permis de faire des propositions pratiques sous la forme d’un plan d’action qui a suscité une large adhésion de par le monde. Ce plan d’action est une réponse à la déclaration de Dakar : « un Blue deal pour la sécurité de l'eau et de l'assainissement pour le paix et le développement » ; elle stipule notamment que « Les organismes de bassin sont des artisans de paix et des accélérateurs de développement durable. » et que « Les organismes de bassin transfrontaliers (OBT) constituent un cadre pertinent de gestion transfrontière ».

3. L’OMVS, c’est une distinction avec le Grand Prix Mondial Hassan II de l'Eau que vous avez reçu des mains du ministre marocain de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka à l’occasion du Forum. Que représente cette distinction pour vous ?

Cette distinction rend hommage à l’originalité de l’expérience de l’OMVS, qui est reconnue comme sans équivalent dans le monde dans le domaine de la gestion d’un cours d’eau partagé. En réalité l’OMVS est un succès story africaine. C’est le seul organisme de bassin versant transfrontalier gérant des ouvrages communs, c’est-à-dire qui juridiquement appartiennent à tous les Etats membres. Ces derniers conçoivent ensemble les programmes de développement, empruntent et remboursent SOLIDAIREMENT les investissements nécessaires à leur réalisation. Notre clé de répartition des coûts et charges est aussi unique de par son périmètre d’application : 4 Etats, plusieurs services (énergie, navigation, agriculture irriguée, eau potable, environnement). C’est tout un arsenal institutionnel et juridique, couplé à une volonté politique forte des autorités et gouvernements successifs qui ne s’est jamais démentie, qui nous permet depuis 50 ans de gérer le fleuve dans le consensus et la concorde. C’est justement au nom de cette expérience que l’OMVS a été désignée partenaire stratégique pour la priorité « Coopération » du 9ème Forum mondial de l’eau, et nous recevons régulièrement en voyage d’études d’autres organismes de bassin ou acteurs de l’eau du monde entier. Donc oui, le grand prix Hassan II et toutes les distinctions que nous avons reçues rendent hommage à ce que nos pays ont réussi à bâtir en dépit de moyens modestes, grâce à la volonté politique, à la solidarité et au leadership de leurs dirigeants. Ceci sans oublier que l’OMVS a aussi été nominée par de prestigieuses personnalités et institutions au prix Nobel de la Paix.

 

Intervention de M.Semega durant le Segment bassin au 9e Forum Mondial de l'Eau